Réformer le système économique ou le laisser éclater ?

Dernière modification le 22/04/2020 - 14:13
Réformer le système économique ou le laisser éclater ?

Chaque année, à l’échelle globale, nous surconsommons les ressources que la planète nous procure. Ainsi, le « jour du dépassement » - à partir duquel nous avons consommé ce que la nature peut renouveler en l’espace d’un an - arrive inexorablement plus tôt, d’une année à l’autre. En 2009, c’était le 25 septembre. En 2019, c’était le 29 juillet.

En 2017, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la quantité annuelle de ressources entrant dans l’économie globale a franchi le cap des 100 Gt (milliards de tonnes). C’est colossal ! Le plus préoccupant, c’est que moins de 9 % de ces ressources étaient issus du recyclage ou de la revalorisation; la majeure partie (plus de 90%) étant des ressources vierges. La « circularisation » de ces flux de matières non circularisés représente donc un immense enjeu, mais également une opportunité économique majeure.

Nous serons près de 9 milliards d’êtres humains en 2030 et la classe moyenne, qui représente aujourd’hui quelques 3,6 milliards d’individus, et qui consomme la majeure partie des ressources, gagnerait près de deux nouveaux milliards de consommateurs d’ici 10 ans. Le commerce électronique mondial exacerbe le problème, il a ainsi franchi le cap des 4 000 G$ (milliards$ de vente) ; en ordre de grandeur c’est plus que l’équivalent du budget fédéral annuel des USA, ou 33 fois celui du Québec. D’ici 2050, la demande globale pour les ressources devrait plus que doubler, accentuant encore davantage la pression sur des flux de matière déjà tendus et multipliant les impacts négatifs sur l’environnement et le climat.

Que l’on croit ou non à l’émergence de scénarios catastrophes ou au collapsus des écosystèmes, la question qu’il faut minimalement se poser est : peut-on raisonnablement garantir la prospérité de nos sociétés, en misant sur une croissance infinie, sur une planète aux ressources finies ?

La réponse à cette question est évidemment non et l’humanité se dirige donc vers une crise majeure liée à la raréfaction progressive des ressources naturelles. Cette crise se conjugue aux changements climatiques qui auront leurs lots d’impacts sur les écosystèmes, lesquels génèrent en bonne partie ces précieuses ressources.

Cette crise appréhendée n’est pas étonnante compte tenu de la croissance de la population humaine, mais elle repose surtout sur notre modèle économique actuel, principalement linéaire, qui lui-même repose sur une surconsommation de ressources, générant des pertes de matières considérables et des déchets à toutes les étapes de la chaîne de production-consommation.

 

Repenser notre modèle économique linéaire

 On qualifie de « linéaire » le modèle économique dominant depuis au moins 150 ans. Fruit, de l’ère industrielle, ce dernier est fondé sur l’extraction, la transformation, la distribution, la consommation et la fin de vie des biens produits. À chaque étape, des pertes sont générées sous forme de pollution ou de déchets. 

Ce modèle ne peut pas s’inscrire dans un développement durable. Il devient donc incontournable de revoir nos modes de production et de consommation de manière à extraire moins de ressources en amont, cesser de jeter en aval, et réduire, voire éviter les rejets à chaque étape de la chaîne (boucle) de valeur.

L’économie circulaire propose justement un ensemble de stratégies et modèles d’affaires qui permettent de réduire la quantité de ressources vierges consommées et d’optimiser leur utilisation.

Elle poursuit ainsi quatre objectifs : 1- Repenser nos produits pour réduire la demande en ressources et préserver les écosystèmes; 2- Intensifier l’usage des produits ; 3- Prolonger leur durée de vie ainsi que celle de leurs composants; et, enfin, 4- Leur donner une nouvelle vie en fin de cycle. Le but est d’optimiser la valeur économique des produits et services en les maintenant dans le système économique le plus longtemps possible.

À l’heure où le gouvernement du Québec souhaite dévoiler une politique d’économie verte (sous peu), de même qu’une nouvelle stratégie gouvernementale de développement durable (cet automne), le thème de l’économie circulaire serait très porteur. 

Cette transformation est LE grand défi économique collectif qu’il faut relever pour espérer prospérer de manière plus équitable et responsable dans les limites de ce que permet notre planète.

L'Institut EDDEC 

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Auteur de la page

Lou Tamaehu-Plovier