Relancer l’économie, c’est aussi la repenser

Dernière modification le 23/04/2020 - 15:03
Relancer l’économie, c’est aussi la repenser

Dans une lettre publiée aujourd'hui sur le Journal de Montréal, Daniel Normandin, directeur exécutif de l'Institut EDDEC aborde avec Johanne Whitmore (Chercheuse principale, Chaire de gestion du secteur de l’énergie, HEC Montréal ) et Julien Beaulieu (Chercheur titulaire, Chaire de recherche industrielle du CRSNG Écologie industrielle et territoriale, CTTEI) la question de la relance économique.

Le leadership du premier ministre Legault pour protéger la santé et le bien-être des Québécois a été exemplaire depuis le début de la crise du COVID-19. En parallèle à ces efforts, il prépare la reprise économique qui devient de plus en plus criante.

Plusieurs cherchent à savoir si cette relance peut s’effectuer de façon à favoriser à la fois la santé publique, la croissance économique et la création d’emplois, sans que les émissions de gaz à effet de serre (GES) reviennent à leurs taux précédents. Il est estimé que les émissions globales chuteront d’environ 4 % par rapport à l’année passée en raison de la crise. Or, le rythme de baisse qu’il faudrait suivre pour limiter le réchauffement à 2oC est de la même ampleur qu’un COVID supplémentaire à tous les ans d’ici 2030!

Se contenter d’une relance qui nous ramènerait au point d’avant-crise ne nous mettrait donc pas sur la bonne voie. Plusieurs idées ont été évoquées, mais plus difficile est de définir les conditions de réussite pour concilier économie, santé publique et environnement. Trois sont présentées ici.

Maximiser les retombées des investissements 

L’annonce d’investissements et de programmes n’est pas garant de résultats. Il importe de mettre en place un cadre de gestion rigoureux et transparent, et de définir les conditions préalables pour assurer que ces investissements soient performants, structurants et optimaux sur plusieurs fronts. De même, sans l’intégration de mesures complémentaires pour transformer les marchés et aligner l’ensemble des dépenses vers les trois objectifs visés, les investissements seront peu performant, comme fut le cas du Fonds vert. Ainsi, des investissements en électrification des transports, par exemple, devront être accompagnés de mesures pour limiter les ventes de grosses cylindrées, tandis que ceux dans le secteur du bâtiment devront s’accompagner d’un «verdissement» du code du bâtiment.

Prioriser des mesures d’économie circulaire 

Pour favoriser la croissance économique et la réduction de GES, la relance doit viser à augmenter la création de richesse des entreprises par l’optimisation, la réduction de pertes et l’utilisation efficace des ressources énergétique et matériel à travers la chaine de valeur d’un produit ou service. La transition vers une économie circulaire ne fait pas qu’améliorer la productivité et la résilience des entreprises, elle permet de réduire son empreinte environnementale. Un comité interministériel sur l’économie circulaire existe déjà. Celui-ci devrait être appelé à s’arrimer avec celui de la relance.

Privilégier la science dans la prise de décision 

Le premier ministre Legault a vite reconnu que, pour résorber la crise, celle-ci devait éviter d’être politisée. Pour y arriver, il a mis sur pied un comité scientifique, dont des membres l’accompagnaient dans ses points de presse pour présenter la progression du virus par rapport aux différents scénarios. La stratégie de réouverture de l’économie s’appuie sur ces données. Ainsi, l’accès aux données scientifiques est un facteur clé du processus décisionnel et de l’acceptabilité sociale qui mènent à une action efficace et collective contre la pandémie. Dans cette même logique, le gouvernement devrait se doter de comités d’experts pour le conseiller sur les aspects climatiques, sanitaires et d’économie circulaire liés au plan de relance. 

Les coauteurs sont :   

  • Johanne Whitmore, Chercheuse principale, Chaire de gestion du secteur de l’énergie, HEC Montréal 
  • Daniel Normandin, Directeur exécutif, Institut de l’Environnement, du développement durable et de l’économie circulaire 
  • Julien Beaulieu, Chercheur titulaire, Chaire de recherche industrielle du CRSNG Écologie industrielle et territoriale, Centre de transfert technologique en écologie industrielle 

Retrouvez la lettre sur Le journal de Montréal

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Auteur de la page

Lou Tamaehu-Plovier