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Stephanie Bernadet

  • Fonction: Présidente directrice générale
  • Mission: Relancer l'industrie textile locale en contexte circulaire
  • Membre depuis le : 06/07/2023
  • Vues du profil :   306

J'ai repris l'entreprise que mon père a fondé il y a tout près de 30 ans. Nous œuvrons dans le milieu du plein air. Nous sommes concepteurs d'équipement et de vêtements d'hiver. Nos nombreuses marques sont disponibles dans la plupart de marchands de chasse et pêche et dans plusieurs boutiques de manteaux.

Quand j'ai repris l'entreprise, il y a bientôt sept ans, j'avais à cœur de ramener le plus possible de mes production, ici, au Québec. Malheureusement, nous n'avons que très peu de manufactures restantes, surtout pour des articles spécialisés comme les miens. Voyant cela, j'ai décidé, avec quelques collègues entrepreneurs, de mettre sur pied un plancher de production coopératif, robotisé, à la fine pointe de la technologie. En place chez nous, et ouvert à toutes les entreprises qui, comme moi, souhaitent rapatrier de la production localement, ce plancher de production pourrait ouvrir la voie au retour des manufactures québécoises. L'aspect coopératif du projet, permettrait à plusieurs compagnies, n'ayant pas les moyens d'avoir leur propre usine, de bénéficier de l'infrastructure à plus faible coût.

Mais nous souhaitions, en plus, l’équiper de toutes les dernières technologies pour le rendre zéro émission, réduisant ainsi l'empreinte écologique à un minimum. Un projet contagieux qui en fait rêver plus d'un!

Ne nous arrêtant pas là, nous souhaitons pouvoir le faire fonctionner avec des matières premières, ne provenant de nulle part ailleurs, que de chez nous. Nous avons donc entrepris de répertorier toutes les fibres locales qui était disponible pour la transformation. Quelle ne fut pas notre surprise, voire même notre consternation, de constater qu'aucune matière première n'était disponible, à l'échelle industrielle, pour de la transformation. RIEN.

La laine, chez nous, est en majorité jetée aux ordures ou mise dans des cargos, à destination de la Chine et vendue à rabais. Le cuir et la fourrure ont tellement été malmenés par les PETA de ce monde que plus personne n'ose utiliser ces matières pourtant tellement plus écologiques que les matières synthétiques de remplacement et disponibles ici!

Les vêtements que nous recueillons, pour les recycler, sont, en fait, mis dans des cargos à destination de l'Afrique; des milliers de tonnes par an! Même chose avec les nappes, draps et serviettes d'hôtels et de restaurants. Ils vont polluer un autre continent (quand ils ne sont pas enfouis ici). Le lin et le chanvre textile sont à peu près inexistants et l'asclépiade offrirait de bien meilleures opportunités d'affaires ailleurs que dans le textile, que les intervenants de la filière continuent de développer.

J'ai, en quelques mois, rassemblé, dans une démarche conjointe, une grande quantité d’experts, de chercheurs, de lobbyistes, de transformateurs de fibre, d’éleveurs, d’agriculteurs, d’artisans et d’acteurs de l'industrie, en plus des gens œuvrant dans le milieu de l'économie sociale et circulaire. Je collabore à des tas de projets porteurs. Mais surtout, je travaille d'arrache-pied à faire bouger le gouvernement. Je multiplie les efforts afin de le faire changer certains règlements désuets, futiles ou freinant, pour nous permettre de relancer toute une industrie. La pandémie nous aura fait réaliser combien nous étions vulnérables dans nos chaînes d'approvisionnement.

Dans un contexte mondial explosif, on se doit de trouver des solutions pérennes, efficaces, innovantes et surtout réalistes, pour nous permettre de redevenir autonomes et auto suffisants. Notre santé économique et notre sécurité vestimentaire en dépendent.

Plusieurs enjeux sont ciblés par ce projet, notamment; les matières premières textiles locales, ou plutôt leur absence du paysage; la nécessité de relancer l’industrie textile et manufacturière afin de faire prospérer notre économie et diminuer nos imports; le défi que posent l’agriculture en contexte de pénurie de terre et de main d’œuvre; la nécessité de moderniser nos infrastructures afin d’être compétitifs mondialement tant en innovation qu'en circularité; le changement complet des façons de réfléchir à l’industrialisation, en gardant à l’esprit la nouvelle réalité de pénurie de main d’œuvre et des bouleversements climatiques; la nécessité de protéger notre sécurité vestimentaire, en complémentarité avec notre autonomie alimentaire et plus encore. 

J’ai rédigé un rapport que j’ai déposé au bureau de Mme Geneviève Guilbault, vice première ministre et qui circule actuellement dans les bureaux de divers intervenants du gouvernement. (Je multiplie d'ailleurs les rencontres grâce à leur aide) Ce rapport est un état des lieux sur les diverses initiatives textiles au Québec. Rédigé avec l’aide des spécialistes de chaque milieu, il détaille les enjeux de chacune de ces fibres.

Le plus gros de mes efforts, actuellement, est de donner une voix à toutes ces initiatives afin de les aider à se faire entendre, au sein du gouvernement. La plupart d’entre elles ne peuvent aller plus loin à cause de règlements contraignants, d’alliances commerciales défavorables, ou encore par manque de collaboration des ministères concernés par leurs enjeux.

Il y a des gens qui révolutionnent les pratiques dans leur industrie, qui travaillent très fort, en ce moment même, pour changer le monde! Ils mériteraient d’être soutenus! Je pense, entre autre, à une entrepreneure qui s’assure avec son entreprise de faire la preuve que son secteur d’activité, peu populaire, (l’abattage) devienne un exemple de travail éthique, écologique, respectueux des ressources et extrêmement performant. Elle vient d’ailleurs de remporter le prix des Mercuriades pour le développement durable.

Je pense aussi à des organismes qui travaillent, bénévolement, à réunir les joueurs de leur industrie pour trouver, dans un effort de collaboration, les meilleures façons de revaloriser une matière inconsidérée, dans un secteur déprimé… Leur motivation et leur énergie donne espoir à toute une communauté d’entrepreneurs qui rêvent de redorer leur industrie.

Je pense également à toutes les recherches effectuées, entre autres par Écofaune Boréal, qui permettraient d’éduquer, en tout premier lieu, mais aussi d’améliorer le processus de transformation et la valorisation des matières premières animales gaspillées, avec l’aide des communautés des premières nations.

En conclusion, je crois qu'il est de notre devoir, en tant que commerciaux, de travailler en collaboration avec l'industrie afin de faire mieux et de développer un nouveau modèle, plus en accord avec nos valeurs d'écoresponsabilité et de développement durable. Nous avons le devoir de maximiser les opportunités de produire localement, en contexte circulaire, mais aussi plus respectueusement envers notre planète et ses ressources. Nous devons laisser un meilleur environnement aux générations futures et favoriser la protection de nos écosystèmes.

 

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