La biométhanisation: les impacts dont on parle peu

La biométhanisation: les impacts dont on parle peu

Saviez-vous que selon l’agence EPA, reconnue par les nations unies pour la protection de l’environnement, une pyramide de priorité a été établie en ce qui a trait au réemploi de résidus alimentaires allant de la réduction à la source jusqu’à l’enfouissement, lorsqu’aucune autre alternative n’est possible, en passant par les usages industriels dont la biométhanisation (source: Food recovery hierarchy).

 

Les bonnes pratiques en matière de valorisation de résidus alimentaires au Québec

Quelques entreprises du Québec sont alignées sur ces principes et supportent les usages les plus souhaitables en récupération et réemplois d’aliments.  Ces entreprises, tel que Prorec à St-Hyacinthe, contribuent ainsi aux réductions à la source avec des partenaires transformateurs du secteur alimentaire et revalorisent les rejets non comestibles pour les humains en les transformant en produits nutritif pour l’alimentation animale.

Selon les bonnes pratiques, l’usage de rejets alimentaires à des fins de biométhanisation vient donc après l’alimentation animale soit en 4ème priorité juste avant les initiatives de compostage.

 

Les revers de la biométhanisation

À l’heure où les subventions et les annonces de projets de biométhanisation se multiplient, il y a des effets négatifs dont on ne parle jamais. Plusieurs des projets annoncés visent l’utilisation de fumiers agricoles comme principal intrant et intègre également de l’ensilage (produit sur des acres de terres qui pourraient plutôt servir à nourrir les humains).  Or, bien que ce soit une excellente façon de valoriser les quantités de fumier qui ne peuvent pas être utilisées comme engrais, il faut aussi considérer que d’autres types d’intrants sont requis pour que le procédé de biométhanisation soit efficace, soit des matières exogènes autre que le fumier. C’est alors que les résidus alimentaires entrent en ligne de jeux.  Les plans de projet de biométhanisation font fi, dans la plupart des cas, des volumes de résidus alimentaires qui sont déjà récupérés et valorisés et surévaluent donc le volume réel de résidus organiques disponibles.

Bien qu’il y ait abondance de certaines matières qui ne peuvent pas être valorisées en nutrition humaine ou animale, le procédé de biométhanisation, pour être optimal, requiert essentiellement des sources de gras et de sucres afin de générer les gaz tant convoités et ces types d’ingrédients s’avèrent être aussi ceux prisés dans les recettes de produits qui se substituent au maïs dans l’alimentation animale.  On doit donc considérer le risque de cannibalisation des matières les plus prisées qui viendrait impacter les efforts de valorisation en alimentation animale et, de ce fait, qui viendrait réduire le nombre d’acres potentiellement réaffectés à des fins d’alimentation humaine. 

Si on revient à la pyramide de priorisation, l’utilisation des résidus à des fins de nutrition humaine puis de nutrition animale, donc le maintien des résidus dans la chaine alimentaire, doit primer sur l’option de biométhanisation, puisqu'en économie circulaire on priorise les stratégies en amont qui permettent de préserver, voir d'augmenter, la valeur de la matière en circulation. La valorisation énergétique de la matière demeure une stratégie d'économie circulaire, bien qu'elle soit considérée comme la 12e et la toute dernière sur l'ordre de priorisation.

L’autre considération dont il faut tenir compte a trait aux bénéfices du réemploi de résidus laitiers liquide en alimentation animale vs l’utilisation en biométhanisation.  Outre le fait d’être une bonne source d’énergie pour l’animale, ces résidus liquide remplacent une partie des besoins en eau potable et par le fait même réduisent la pression sur la quantité d’eau disponible, un enjeu de plus en plus préoccupant sur certaines fermes du Québec.

Finalement, on ne peut passer sous silence les promesses de réduction de GES en lien avec le procédé de biométhanisation.  On sait que l’utilisation de matières organiques telles que les fumiers de ferme et les boues provenant des stations d’épuration, est bénéfique pour les réductions de GES des projets de biométhanisation mais le potentiel de réduction de GES est tout autre pour les résidus organiques résidentielles qui bénéficient déjà d’un système efficace de captation de méthane via les installations sur les sites d’enfouissement ou les résidus alimentaires provenant d’industries qui ont l’opportunités d’être valorisés et de demeurer dans la chaine alimentaire au lieu d’être ‘’biométhanisés’’. 

Bref pour obtenir les bénéfices GES espérés, il est important de s’en tenir aux matières qui ne génèrent pas déjà de bénéfices et ainsi éviter la cannibalisation des sources de matières.  Cela dit, les bénéfices anticipés des projets de biométhanisation ne sont pas toujours réalistes et ne considèrent pas les effets ricochets ni la réelle disponibilité de la matière pour nourrir ces projets! 

 

Qu'est-ce que Prorec?

Précurseur de « l’agriculture circulaire » au Québec, Prorec inc. est l’une des entreprises qui valorise, depuis plus de 25 ans, des sous-produits de l’industrie agroalimentaire et les transforme en produits et suppléments nutritifs pour l’alimentation des élevages porcins, laitiers, avicoles et bovins.

Par ce type de modèle d’affaire, cette entreprise récupère, traite et permet donc le réemploi de plus de 170000 tonnes métriques de matières alimentaires non commercialisables provenant de secteurs tels que boulangeries, chocolateries, laiteries (lactosérum et perméat) oléagineux et croustilles. Elle livre quotidiennement à des agriculteurs et des meuneries d’alimentation animale.

Ces produits à haute valeur ajoutée se substituent à l’utilisation de grains en proportion d’environ 1 pour 6 ce qui représente plus de 120 000 tonnes de maïs par an ou près de 12 000 hectares de sols agricoles qui peuvent alors être utilisées à des fins de nutrition humaine vs animale chaque année.

Pour consulter une autre des initiatives de valorisation de résidus alimentaires sur la cartographie interactive, c'est par ici : Usine de fabrication de chocolat Barry Callebaut

 

Vous portez un projet d’économie circulaire? C’est à votre tour de vous faire connaître avec les Prix initiatives circulaires! Ajouter votre initiative sur la carte avant le 24 septembre 2023 et vous pourriez recevoir une invitation aux Assises québécoise de l’économie circulaire 2023 et un portrait sur Québec circulaire.

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crédit illustration : United state environment protection agency (EPA)

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Auteur de la page

SONIA BENOIT

Consultante senior Développement Durable et Marketing

Modérateur

Emilie Chiasson

Conseillère en communication - Économie circulaire