Miser sur la fonctionnalité |  L’importance du savoir-faire

Miser sur la fonctionnalité |  L’importance du savoir-faire
Intellinox Technologies se positionne en tant que pionnier de l'efficacité énergétique grâce à la technologie de pointe développée par l’entreprise. Son fondateur, Mario Rousseau, estime que l’économie de fonctionnalité et de la coopération (EFC) est assurément un modèle d’avenir, qui valorise les savoir-faire et l’innovation. 

Ingénieur d’expérience dans le domaine de la ventilation, Mario Rousseau a fondé Intellinox en 2007, après avoir tout perdu. «Je cautionnais sur une entreprise et l’institution a exercé sa caution, raconte-t-il. Je n’avais plus rien, ni mon fonds de pension, ni mes cartes de crédit.» Loin de se laisser abattre, il décide de tout recommencer en travaillant dans son cabanon, pendant un an et demi. «Je rêvais depuis longtemps de développer une technologie qui serait la référence en économie d’énergie d’une cuisine commerciale», ajoute-t-il. La technologie en question, Eco Azur, est un système novateur qui permet de réduire l'empreinte carbone des entreprises tout en augmentant leur efficacité énergétique.

«On a développé un concept de circuit imprimé qui permet de saisir les données et de gérer les vitesses d’évacuation en fonction des températures, des charges de cuisson, de la récupération de chaleur, du mode de chauffage, bref, d’un ensemble de composantes gérées par un module qui reste notre propriété», résume Mario Rousseau. Ce système permet également d’améliorer le confort des employés – critique, avec la rareté de la main d’œuvre – en rafraichissant la cuisine. «Bientôt, l’intelligence artificielle nous permettra d’avoir une valeur ajoutée encore plus importante», précise-t-il.

L’entreprise compte aujourd’hui 30 employés, investi 1,5 million de dollars par an en recherche et développement et exporte sa technologie dans 15 pays. Cerise sur le gâteau, son modèle d’affaire commence à intégrer l’approche d’économie de fonctionnalité et de la coopération (EFC), l’une des douze stratégies de l’économie circulaire. «Souvent, on sous-estime le fait d’avoir la réponse à la question d’un client, explique Mario Rousseau. On a toujours investi depuis la création d’Intellinox, on est allé chercher un savoir-faire qui a un coût et qui doit être mis en valeur.»

 

EN SAVOIR PLUS SUR L'EFC 

Le succès de l’EFC dépend de la complémentarité des partenaires et de la détermination à atteindre des buts communs, ajoute-t-il. La corde à trois brins est plus forte que la corde à un brin.

-Mario Rousseau

Le savoir-faire

Ses clients principaux sont les restaurants. «Le restaurateur sait comment faire ses pizzas, et comment réduire ses coûts de nourriture, pas moi, illustre Mario Rousseau. Par contre, je sais ce que ça prend pour réduire sa facture d’énergie.» Derrière ce constat, l’idée est de faire comprendre au client qu’il existe un intérêt mutuel à travailler ensemble, selon l’entrepreneur. «Le succès de l’EFC dépend de la complémentarité des partenaires et de la détermination à atteindre des buts communs, ajoute-t-il. La corde à trois brins est plus forte que la corde à un brin.» Pour ce faire, la confiance mutuelle est fondamentale.  

Concrètement, Intellinox propose aux clients d’analyser, de contrôler et d’améliorer la performance énergétique, en échange d’un paiement mensuel. «Ils paient pour l’entretien, mais aussi un service pour la technologie que l'on met à leur disposition, précise Mario Rousseau. La technologie nous appartient, je reste propriétaire, mais le restaurateur en bénéficie.» C’est la définition même de l’EFC de l’Office québécois de la langue française (OQLF), soit un modèle économique «reposant sur la vente de la mise à disposition d'un bien matériel ou d'un service plutôt que sur la vente du bien ou du service lui-même.» L’entreprise tire ainsi une partie de ses revenus de l’usage et de l’entretien des produits.

Actuellement, 88% des émissions de gaz à effet de serre en lien avec la ventilation de la cuisine sont évitées grâce à la technologie, avec un objectif de 100% dès l’année prochaine. «Au Québec, nous avons le projet ambitieux de fermer le chauffage des cuisines en hiver, en coupant le gaspillage d’énergie, puis en récupérant la chaleur qui sort de la ventilation des cuisines», explique-t-il. C’est assez avant-gardiste.»

 

Une transformation progressive

Selon Mario Rousseau, la transformation vers le serviciel – une étape dans la démarche vers l’EFC – doit se faire de façon graduelle, en dosant bien l’équilibre entre le service et la vente. «Le service demande à immobiliser du capital qui va prendre du temps à se rentabiliser, dans plusieurs années, explique-t-il. Si j’ai le capital, c’est bien, sinon c’est plus payant de faire de la recherche et du développement, par exemple.» Le serviciel représente une sécurité, à long terme, avec des revenus plus modestes, mais réguliers. «La vente, c’est du revenu maintenant, alors que le service, c’est du revenu demain», dit-il.

Intellinox fait partie de la cohorte d’EFC Québec, un programme d’accompagnement en économie de la fonctionnalité et de la coopération auprès des entreprises québécoises. Une expérience qui a permis à son fondateur de mieux comprendre la démarche, le modèle, mais aussi d’échanger avec d’autres entreprises. «Parler avec les gens de la cohorte, entendre leurs témoignages, ça donne des idées, estime-t-il. Lors de la dernière rencontre du groupe EFC Québec, on a partagé des bilans, ça nous allume sur comment les choses ont évolué dans des scénarios complètements différents.»

En passe de partir à la retraite, il se dit fier du joyau qu’est devenu son entreprise, constituée d’une fantastique équipe. «L’idée de l’EFC a fait du chemin dans la tête des équipes, c’est évident que ça va rester et je vais être encore là pour murmurer EFC à l’oreille des gens», plaisante-t-il. Mario Rousseau croit fermement que toutes les entreprises seront appelées à développer un volet EFC.
 

Conseils aux entreprises

Il faut prendre le temps de réfléchir au modèle économique qu’est l’EFC, selon l’entrepreneur. «C’est facile de penser que ça ne marchera pas, car on a toujours grandi avec une certaine façon de faire, indique-t-il. Si l'on accepte de réfléchir en dehors de la boîte, on va trouver des éléments intéressants.» Mario Rousseau suggère de se remettre en question et d’imaginer les possibles plutôt que de se concentrer sur les obstacles. «Il faut se rappeler aussi que l’EFC permet d’avoir des revenus réguliers, et plus les revenus sont réguliers, plus c’est facile de passer à travers les périodes difficiles», conclut-il.

 

La collaboration entre le CERIEC et le CIRIDD au service de l'EFC est soutenue par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française, dans le cadre de la Commission permanente de coopération franco-québécoise

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Auteur de la page

Pascaline David

Modérateur

Emilie Chiasson

Conseillère en communication - Économie circulaire