Miser sur la fonctionnalité | Pour des affaires plus inclusives

Miser sur la fonctionnalité | Pour des affaires plus inclusives
Dans un monde confronté à des défis environnementaux croissants, de plus en plus d'entreprises cherchent à opérer un virage vers des modèles économiques durables. La symbiose industrielle Synergie Montréal offre un soutien précieux aux entreprises qui souhaitent adopter l'économie de fonctionnalité et de la coopération (EFC).

Synergie Montréal se positionne comme un acteur clé dans la transition en économie circulaire. L’initiative propulsée par PME MTL Est-de-l'Île a été déployée en 2014, soit quatre ans après l’arrêt des activités de raffinage de Shell, dans l’est de la Ville. «Cette fermeture était une mauvaise nouvelle pour beaucoup de gens, mais cela nous a donné l’occasion de développer l’économie autrement dans cette zone», lance Melissa Stoia, directrice du développement durable chez PME MTL et coordonnatrice de Synergie Montréal. Dans ce contexte, l’EFC s’est imposée comme la voie à suivre. 

Habitués au concept d’économie d’échelle et de bas prix, on oublie de prendre en considération la valeur réelle d’un service, d’une performance d’usage

- Melissa Stoia

Figurant parmi les 12 stratégies de circularité, l’économie de fonctionnalité repose justement sur la mise à disposition d'un bien matériel ou d'un service plutôt que sur la vente du bien ou du service lui-même, selon la définition de l’Office québécois de la langue française (OQLF). Synergie Montréal fait d’ailleurs partie des six organisations fondatrice du Programme d’accompagnement en économie de la fonctionnalité et de la coopération auprès des entreprises québécoises (EFC Québec). 

 

EN SAVOIR PLUS SUR L'EFC

 

«C’est un vrai changement de cap, ajoute-t-elle. Avec tous les retours d’expérience, on s’est aperçu que le développement durable était un aparté dans la vie d’une entreprise, il n’y avait pas de raison tangible de s’y mettre, malgré l’urgence écologique.» Face au statu quo, il devenait nécessaire d’intégrer la stratégie d’entreprise en amont, ce que permet l’EFC, selon l’experte. «C’est un modèle qui propose de rompre avec d’anciennes façons de faire, et qui est directement en lien avec les préoccupations de l’entreprise, souligne-t-elle. Sans cela, on fait face à l’épuisement des ressources humaines et naturelles.»

 

La coopération, enjeu central

Le «c» de coopération change toute la donne, selon Melissa Stoia. «On peut parler de fonctionnalité et de service dans l’EFC, mais c’est dans la coopération qu’on dénoue beaucoup d’impasses, souligne-t-elle. Lorsqu’on est confronté à des obstacles, faut-il les aborder en mode compétitif ou changer notre fusil d’épaule et chercher à les surmonter avec un appui externe?». La réponse est dans la question. Pour l’experte, ce modèle appuie  une vision commune, une alliance des forces.

Dès lors, les ressources les plus précieuses sont les personnes employées. «La coopération s’inscrit dans l’entreprise elle-même, il faut laisser de côté la posture hiérarchique verticale, le fait d’être seul en haut de la pyramide pour prendre toutes les décisions, estime Mélissa Stoia. Il faut aller chercher le meilleur des employés, leur faire cocréer les solutions, car ce sont eux qui sont avec les clients.»

Cette nouvelle manière de penser les affaires serait bien plus inclusive, d’après Mélissa Stoia, puisque que chacun collabore davantage en fonction de ses forces et ses faiblesses, de façon complémentaire, pour atteindre un objectif commun. «Les entrepreneurs sont biberonnés à la croissance, à l’hyper productivité, mais on oublie l’optimisation en cours de route, poursuit-elle. Il faut être moins gourmand sur le profit, mais la rentabilité sera au rendez-vous.»

C’est un modèle qui propose de rompre avec d’anciennes façons de faire, et qui est directement en lien avec les préoccupations de l’entreprise. Sans cela, on fait face à l’épuisement des ressources humaines et naturelles.

- Melissa Stoia 

Rompre avec l’ancien monde

La coopération à l’interne est donc primordiale, mais elle l’est aussi avec les clients. Melissa Stoia met en garde sur la tentation de fournir une offre clé en main. «Il faut prendre le temps de co-désigner la solution avec le client, éviter d’aller trop vite, suggère-t-elle. On s’adapte aux besoins et chacun apporte sa pierre à l’édifice.» Actuellement, les évaluations de performance d’entreprises sont encore trop centrées autour du chiffre d'affaires. «C’est comme si nos outils n’étaient pas encore prêts pour toutes les potentialités que l’EFC propose», remarque-t-elle.

Selon l’experte, il est temps de rompre avec les façons de penser de l’ancien monde. Réfléchir à la performance d’usage plutôt que le seul bien, à la qualité plutôt que le prix, prendre le temps nécessaire plutôt qu’aller vite. Melissa Stoia demeure optimiste quant aux comportements des plus jeunes, qui de plus en plus désire s’affranchir des conditions propres à la possession d’un bien. «L’idée de posséder quelque chose à tout prix, ce n’est plus du goût de la nouvelle génération, observe-t-elle. Tout ce qui est lié à la mobilité durable, aussi, c’est en train de changer.»

Justement, Synergie Montréal a accompagné plusieurs entreprises dans leur virage vers l’EFC, dont Dumoulin Bicyclettes, qui offre des solutions de transport urbain à Montréal. «Le processus était un peu flou au départ, mais maintenant, l’entreprise est capable de cibler avec qui elle devrait discuter pour favoriser la mobilité durable», commente-t-elle. Autrement dit, les futurs collaborateurs ne sont plus simplement des clients, mais des futurs partenaires de solutions répondant à un enjeu. «C’est fascinant d’être capable d’aider une ville à atteindre ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre», conclut l’experte.

 

Mélissa Stoia et l'économie circulaire

Géographe de formation, Melissa Stoia a intégré PME MTL en 2011. Elle a été mandatée pour planifier le nouveau développement économique du territoire de l’Est-de-l'Île, lors de l’arrêt des activités de Shell. Le concept d’écologie industrielle, qui consiste à optimiser les ressources présentes (énergies, eau, matières, déchets, mais aussi les équipements et expertises) n’a pas convaincu entièrement. 

«On se demandait ce qu’on allait faire avec tous les acteurs, car on avait des terrains fortement hypothéqués par la pollution, raconte-t-elle. En cours de mandat, j’ai entendu parler d’économie circulaire: je me suis dit que c’était pour nous.» L’une des stratégies de l’économie circulaire, l’EFC, a particulièrement séduit Melissa Stoia. «Ça rejoignait vraiment notre ADN, car ça oblige à faire affaire avec l’ensemble de l’écosystème et à prendre l’entièreté des répercussions de nos activités en compte. C’est, pour moi, l’approche la plus holistique de l’économie circulaire. »

 

La collaboration entre le CERIEC et le CIRIDD au service de l'EFC est soutenue par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française, dans le cadre de la Commission permanente de coopération franco-québécoise.

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Auteur de la page

Pascaline David

Modérateur

Emilie Chiasson

Conseillère en communication - Économie circulaire